mercredi 3 avril 2013

Pour commencer...





Je vais vous présenter l’exposition sur Sol Lewitt qui a lieu en ce moment au Centre Pompidou de Metz, qui est donc une extension de Beaubourg. Elle a commencée le 7 mars 2012 et  vous avez jusqu’au 29 juillet 2013 et est intitulée « Dessins muraux de 1968 à 2007 ». Alors ce qu’il faut savoir c’est que c’est la plus grande rétrospective jamais organisée en Europe sur les " walldrawings " (dessins muraux) de l’artiste et que par son nombre et son caractère, elle est impressionnante. En effet, elle prend toute la galerie 2 du Pompidou, à savoir 1200m2 pour pas moins de 33 œuvres murales. C’est sûr que sachant que Sol Lewitt depuis 1968 à 2007 a réalisé 1200 fresques murales ça paraît peu mais étant donné la taille conséquente de chacune des œuvres, à savoir un pan de mur, cette exposition est quand même assez impressionnante.
Ce qui est aussi important de savoir avant de parler de tout le reste, c’est que les dessins muraux de cette exposition ont tous été réalisés in situ. Donc sur place. Et qu’ils n’existent que le temps de l’exposition, après ils seront détruits. Ce qui confère une dimension éphémère.
Ce n’est pas tout à fait une exposition comme les autres. Le directeur du centre Pompidou parle d’ailleurs plus que d’un événement « d’une aventure ». On peut déjà voir ici les formées de lignes et les formes primaires qui constituent l’essence du travail de Lewitt. Ces dessins muraux retracent l’ensemble de sa carrière, l’évolution du style et des techniques utilisées par l’artiste. 



Qui était Sol Lewitt?



Parlons un peu de Sol Lewitt. Né en 1928 aux Etats Unis et il est mort à l’age de 80 ans en 2007, c’est un artiste américain minimaliste et conceptuel. 
Alors juste un petit rappel, le minimalisme est un movement né en 1960 aux Etats Unis, qui prone l’économie de moyens. Quand à l’art conceptuel, c’est simplement le concept qui prime sur la realisation finale. Donc Sol Lewitt a d’abord fait l’école des Beaux avant de travailler aux côtés de l’architecte Ming Pei. C’est à ses côtés que Sol Lewitt a commence à rechercher une certaine pureté des formes alliée à une efficacité fonctionnelle, inscrites dans le mouvement du style international et dans la lignée de Walter Gropius.

Il expérimente ensuite plusieurs postes, graphiste (Seventeen), réceptionniste au Moma ou il rencontre  des artistes phares de l’art mnimal américain. (Robert Ryman, Dan Flavin). Là on est dans les années 1960. Puis, il va finir par s’en detacher pour une pratique artistique plus conceptuelle.

Bien que les Walls Drawings dont je vais vous parler juste après occupant une place très importante dans son œuvre, il est habituellement considéré comme un sculpteur. Il est donc célèbre pour ses sculptures (comme lui se plait à les appeler) fondées sur un élément géométrique basique, comme le cube ou le carré, établi en réseau.


De 1963 à 1965 il continue ses sculptures enmettant en valeur un rapport de plein / vide, en relation directe avec le lieu d'installation. 

En 1965, ses créations évoluent dans leur procédé de fabrication par l'utilisation des matériaux et par la naissance de potentiels de combinaison. Il commence à établir un processus de creation en réseau et en combinaison et c’est là qu’est le point de depart des dessins muraux.
Je vous ai détaillé tout ça pour que vous puissiez un peu mieux comprendre les dessins muraux et voir à quell point ils ont été le fruit d’une evolution.  

LA BONNE RÉPONSE : UN PIONNIER DE L’ART CONCEPTUEL


mardi 2 avril 2013

L’EXPOSITION : Les Walls Drawings In Situ




Maintenant, on renter vraiment dans le vif de l’exposition, les dessins muraux. Ceux de l’exposition ont été choisis parmi les 1 200 wall drawings créés par l’artiste entre 1968 et 2007, les dessins sélectionnés reflètent tout à la fois l’extraordinaire cohérence de ses explorations systématiques. Par là je veux dire les séries et les combinaisons rigoureuses d’éléments géométriques ainsi que l’étonnante diversité de sa pratique, aussi bien dans l’évolution des formes (de figures géométriques simples à ses « formes complexes » ou « continues ») que des matériaux utilisés (crayon à mine, pastel gras, lavis d’encre, peinture acrylique et graphite).



LE CONCEPT


Bien sur, cela peut sembler bizarre d’aller voir une exposition d’oeuvres réalisées in situ alors que l’artiste est décédé. Et cela peut également sembler étrange de s’extasier sur des oeuvres abstraites conçues à même le mur mais c’est véritablement ce que souhaitait l’artiste. En témoigne ce texte rédigé par lui : “« L’artiste conçoit et élabore le plan du dessin mural. Celui-ci est réalisé par des dessinateurs (l’artiste peut être son propre dessinateur) ; le plan (écrit, oral ou dessiné) est interprété par le dessinateur. » Des décisions sont prises par le dessinateur, à l’intérieur du plan, en tant que parties du plan. Chaque individu étant unique, les mêmes instructions seront comprises différemment et mises en œuvre différemment. L’artiste doit autoriser diverses interprétations de son plan. Le dessinateur perçoit le plan de l’artiste, puis le réorganise selon son expérience et sa compréhension propre. »

 

C’est ce dont je vous parlais : l’idée et le concept priment sur l’exécution. C’est un peu comme si Sol Lewitt était le compositeur et les dessinateurs les musiciens qui interpréteraient la partition. Ses dessins étaient d’ailleurs conçus pour être effectués par d’autres que l’artiste . Cest d’ailleurs le cas des dessins muraux au Centre Pompidou-Metz est l’occasion d’une expérience pédagogique exceptionnelle et inédite, rassemblant aux côtés de dessinateurs professionnels de l'atelier LeWitt de jeunes artistes et étudiants du Grand Est.




Sa démarche conceptuelle étant plus importante que l'œuvre créée, il mettra en place un système de certificats d'authenticité accompagnés d'un diagramme permettant à des assistants, collègues artistes, collectionneurs ou employés de musées d'exécuter eux-mêmes les œuvres murales. Il s'explique en disant: "Une fois que l'idée de l'œuvre est définie dans l'esprit de l'artiste et la forme finale décidée, les choses doivent suivre leur cours. Il peut y avoir des conséquences que l'artiste ne peut imaginer. Ce sont des idées qui sont à considérer comme des travaux d'art qui peuvent en entraîner d'autres... Il redéfinit donc notre rapport à la forme qui, chez lui devient une sorte de grammaire de l’œuvre. On peut également noter que pour lui plus la forme est inintéressante de base, mieux c’est pour qu’elle devienne partie intrasèque de l’œuvre. 








L'ASPECT PARTICIPATIF



Cette exposition a constitué un prétexte idéal pour faire un partenariat exceptionnel avec les école d’architecture d’art de Metz, Épinal Nancy et Reims qui illustre parfaitement le principe de collaboration au coeur de la pratique de l’artiste.On peut noter que le Pompidou a également collaboré avec le M Museum de Louvain qui avait eu réalisé le pendant chromatique de cette rétrospective, donc en couleur. L’exposition a nécessité 2 mois de travail et 100 personnes présentes six jours par semaine pour prendre possession de la galerie 2.

L’originalité suprême de cette exposition repose sur les méthodes de travail utilisées, retraçant la vie et l’oeuvre de l’artiste, les 65 étudiants participants au projet ont utilisé crayon à mine, pastels gras, encre de chine, peintures acryliques et graphite selon les instructions laissées par le maître.